L'avenir du prélèvement sanguin est-il à domicile ?

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Les soins de santé sont en pleine mutation. La pénurie de personnel, la pression croissante pour réduire l'empreinte carbone, le développement rapide de la digitalisation et de l'intelligence artificielle, ainsi que le simple désir humain d'être responsable de sa propre santé, sont autant de facteurs qui font avancer le changement.

Les échantillons de sang prélevés par ponction veineuse dans un cadre professionnel par des professionnels de santé qualifiés constituent la norme depuis des décennies. Et s'il existait une alternative viable ? Et si les prélèvements sanguins étaient possibles depuis le confort de son domicile, grâce à nos téléphones portables ou à nos tablettes ? Et si le personnel soignant, déjà sollicité à l'extrême, pouvait libérer des ressources pour d'autres activités de soins critiques ? Mais pouvons-nous nous fier à des diagnostics fondés sur des échantillons prélevés par les patients eux-mêmes ?

Nous avons discuté de ces questions avec Neil Spooner, président du PCSIG (Patient Centric Sampling Interest Group) et Vincent Molenaar, responsable international des systèmes de prélèvement alternatifs chez Greiner Bio-One.

Actuellement, le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont à la pointe de la décentralisation des procédures de prélèvement sanguin.  

Il existe notamment au Royaume-Uni des fournisseurs en ligne qui collaborent avec le NHS 5National Health Service) pour proposer des services d'autodépistage en matière de santé sexuelle, par exemple, garantissant des soins professionnels en toute discrétion.  

Aux Pays-Bas, certains services travaillent déjà en collaboration avec des professionnels de santé, ce qui permet aux particuliers d'organiser des tests à utiliser chez eux au moment qui leur convient, avec l'avantage d'un accès numérique à des résultats fiables, évitant ainsi de devoir s'absenter du travail ou d'entraver, par exemple, une vie de famille bien remplie. 

Neil Spooner, chair of PCSIG

Nous avons d'abord interrogé Neil sur la possibilité d'abandonner la ponction veineuse au profit d'autres méthodes de prélèvement sanguin. Il nous dit : « Traditionnellement, le prélèvement d'échantillons sanguins met en avant les besoins du laboratoire, c'est-à-dire le volume et le format de l'échantillon, ainsi que ceux des prestataires de soins de santé - le vieil adage, c'est comme ça qu'on a toujours fait - et ceux qui s'occupent des budgets, qui supposent que l'alternative est trop coûteuse ». Si le prélèvement sanguin devait se concentrer davantage sur le patient, cela signifierait qu'il faudrait répondre à ses besoins, rendre possible le prélèvement sanguin dans des lieux, dans des conditions et à des moments qui soient plus pratiques pour le patient et, idéalement, réduire le volume des échantillons sanguins que nous prélevons, par exemple en pratiquant l'auto-prélèvement à la maison. Neil insiste toutefois sur le fait que cela ne signifie pas qu'il faille ignorer les besoins des autres dans le flux de travail. Il s'agit plutôt de trouver un équilibre et de prendre en compte les préférences du patient. Il s'agit en particulier des patients vulnérables qui ont du mal à se rendre dans une clinique ou un laboratoire, ou qui peuvent souhaiter s'auto-prélever à domicile s'ils sont susceptibles d'être plus exposés aux infections et donc à un risque accru dans un établissement de santé. 

Vincent Molenaar, Global Market Manager GBO

En ce qui concerne l'auto-prélèvement à domicile, Vincent souligne l'importance de la stabilité de l'analyte. « Certains analytes sont tout simplement plus stables que d'autres." Il existe donc déjà, selon lui, des domaines d'analyse qui peuvent être transférés à domicile sans l'intervention d'un préleveur, par exemple les patients souffrant de maladies chroniques et de diabète sucré, et il est fermement convaincu que « nous devrions nous concentrer sur les patients qui en bénéficieront le plus ». Pour y parvenir, il reste encore du chemin à parcourir afin d'assurer le développement d'outils fonctionnant de manière intuitive, tels que les solutions numériques appropriées, pour faciliter non seulement l'application à domicile, mais aussi le traitement ultérieur des échantillons. 

Du point de vue d'un laboratoire, il se pourrait bien que les flux de travail actuellement entièrement automatisés doivent être adaptés si l'auto-prélèvement impliquant une série de méthodes d'échantillonnage se généralise. Comme le dit Neil, « un certain nombre d'approches de prélèvement centrées sur le patient fournissent des échantillons dans un format différent de celui pour lequel les laboratoires sont configurés pour l'analyse d'échantillons à haut débit, c'est-à-dire des échantillons séchés, du sang total ». Pour devenir une pratique courante et garantir une analyse rapide et abordable, il sera nécessaire de modifier le traitement en laboratoire, car l'échantillon fourni pourrait nécessiter des étapes manuelles supplémentaires.

Cependant, l'impact sociétal futur pourrait bien être le moteur de ce changement. La réduction évidente des déplacements nécessaires à la collecte centralisée du sang permettrait de réduire l'empreinte carbone des soins de santé. Les hôpitaux sont bien connus pour être l'un des plus grands contributeurs à l'empreinte carbone, responsable de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre1. De plus, promouvoir la diversité et l'égalité de traitement de l'ensemble de la population signifie que tous les individus ont droit aux meilleurs soins de santé disponibles, et le prélèvement à domicile offre d'immenses avantages aux groupes mal desservis, tels que les personnes handicapées, les malades chroniques, les personnes vivant dans des régions isolées ou dotées d'infrastructures limitées. Comme le souligne Vincent, « de nos jours, on peut organiser beaucoup de choses à partir de son téléphone » ; aussi pense-t-il que les soins de santé vont rattraper leur retard dans les années à venir grâce à des solutions numériques, qui permettront aux patients de contrôler leur propre santé. Neil ajoute que l'on comprend déjà de mieux en mieux le potentiel du prélèvement à domicile et ses avantages pour la société, et que les prochaines années pourraient être le point de bascule pour les décideurs du secteur de la santé et les laboratoires afin de rendre inévitable la disponibilité du prélèvement à domicile, où un préleveur n'est pas nécessaire, ainsi que les technologies d'analyse appropriées.  

Lien(s) associé(s)

The Patient Centric Sampling Interest Group (PCSIG)
https://www.pcsig.org/
A step-by-step guide for the performance assessment of capillary sampling methods
https://www.youtube.com/watch?v=JuqWY7p6phA

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